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La pratique du Yangjia Michuan Taiji Quan 楊家秘傳太極 拳

WU JI, état d’unité où tout est contenu, possible, en devenir, avant la manifestation et l’organisation du Yin et du Yang.
KAISHI, préparation à la pratique du Taiji.
Le cœur et l’esprit s’apaisent.
La respiration s’installe, elle est calme, sans rien vouloir ni chercher, elle est source de vie.
Les pieds réunis se détendent et s’appuient au sol.
Les jambes se redressent, laissant les articulations des chevilles, genoux et hanches, libres, déverrouillées.
Le bassin se place au dessus des pieds.
L’abdomen, le fessier, le périnée se détendent, tout le bassin se détend.
Le dos s’ouvre, se redresse, s’allonge du bas vers le haut, s’élargit à partir du centre, de la colonne vers les flancs.
Le dos s’adosse, s’ouvre à la montagne, du coccyx à l’arrière du crâne.
Les épaules descendent, les aisselles et les plis des coudes se libèrent, s’ouvrent.
Les bras, comme de grandes ailes naissant dans les omoplates se terminent dans les mains ouvertes, depuis le centre de la paume jusqu’au bout des doigts.
Ils se placent de chaque côté du corps.
La poitrine se relâche comme dans un soupir bienfaisant.
La nuque s’étire et supporte la tête légèrement placée sur le cou.
BAHUI, la réunion des Yang (sommet du crâne) et HUIYIN, la réunion des Yin (centre du périnée) s’alignent au dessus des pieds.
Le regard englobant et détendu se pose sur un horizon proche.
Entre terre et ciel, le corps s’érige dans une parfaite détente.

La respiration

Présente tout au long de la vie, première inspiration à la naissance, dernière expiration au moment de la mort.
Elle est la vie.
Elle rythme, sous-tend, la pratique du Taiji Quan.
Le mouvement se cale sur la respiration et non l’inverse.
Dans la pratique du Yangjia Michuan Taiji Quan, la personne qui mène la pratique scande la respiration par des sons qui indiquent les inspirations et les expirations.
Ceci dans une intention de donner un rythme commun plus que pour imposer un rythme respiratoire.
Au gré de la pratique, la respiration devient naturellement plus généreuse tout en restant calme et douce.
Elle inonde tout le corps et aide à le détendre et le tonifier.

La présence

Etre là.
Si facile à dire, si difficile à vivre!
N’être que là, pas ailleurs en divers endroits au même moment.
Etre présent au Taiji, dans le Taiji.
Entre concentration et repos.
Calme et centration.
Présent sans tension.
Etre dedans sans négliger le dehors.
Présent à l’intérieur et à l’extérieur.
Ne pas se couper du monde en adoptant une présence à soi fermée.
Présent à tous les mouvements, à toutes les sensations, à toutes les respirations, à tout ce qui est connu et à tout ce qui se révèle.

L’intention YI 意向

C’est elle qui conduit l’énergie.
Elle précède le déplacement et le geste.
Elle est puissance et permet de déplacer des montagnes.
Elle donne au corps la juste énergie pour effectuer le juste geste.
Elle ne se voit pas du dehors mais se ressent du dedans.
Elle est vigilance, acuité, elle va se placer avant que le corps suive.
Elle n’est ni volonté ni force.
Quand je veux fermer une fenêtre à cause d’un courant d’air, j’ai d’abord l’intention de ce geste avant de me déplacer pour l’exécuter.
Mon regard précède mes pas, puis mes mains se mettent en action pour fermer la fenêtre.
Quand je change de direction, j’ai d’abord l’intention de tourner.
Mon regard, précède ma taille, qui précède mes pieds, lesquels précèdent mes mains.
Je conserve mon axe vertical.
Sans intention, je me traîne, je suis maladroit, je suis lourd et tout devient difficile.
Si mon intention est bonne, tout devient léger et efficace.
Ne dit-on pas "c’est l’intention qui compte"?

La détente, le relâchement FAN SONG 放鬆
Le redressement

Ils sont inséparables.
Comme une pluie tiède venue du ciel relâche les tensions, l’appui au sol redresse le corps.
Tout redressement est accompagné d’une détente.
Toute expression d’un mouvement, parer, pousser etc..., est accompagné d’une détente.
Si une seule partie du corps, une seule articulation est tendue, alors la tension se propage dans le reste du corps.
Souvent la sensation de détente, de relâchement s’accompagne d’un affaissement : c’est que le redressement est absent.
Le relâchement n’est pas la mollesse, le laisser aller.
La détente est habitée par la présence, la tonicité.
Elle est histoire de sensation, et parfois c’est un leurre.
Trouver la détente, le relâchement est affaire de tous les instants.
La détente et le relâchement sont du corps et de l’esprit.
Un esprit tendu tend le corps.
Un corps tendu amène la tension dans l’esprit, car le corps, outil du mouvement, est interdépendant de l’esprit.

La sensation

Elle va et vient.
Elle est la richesse de la pratique.
Elle est puissante et souvent éphémère.
Quand on a ressenti, on sait où chercher, que chercher.
Parfois le chemin pour la retrouver guide vers d’autres sensations, un pur bonheur.
Elle révèle le juste mouvement, la juste posture.
Comme le petit enfant qui veut soulever un objet lourd et qui fait les mêmes grimaces, les mêmes gestes de traction des bras observés chez les adultes, qui imite le mouvement mais qui ne connaît pas la sensation produite par la force des muscles, l’appui des pieds contre le sol, et qui ne produit aucun résultat sur l’objet.
Il lui manque l’expérimentation de la sensation.
Une fois la sensation vécue, il saura reproduire le geste efficace pour soulever l’objet.
Il l’aura intégré.

La fluidité

Comme le courant de la rivière qui se joue des obstacles.
Comme le début qui se confond dans la fin et la fin qui débute.
Comme le cercle qui n’a ni début ni fin.
Elle ne comporte pas de rupture.
Le mouvement est leste, léger, vivant, présent.
Du dehors aucune différence entre le Yin et le Yang, le vide et le plein, entre le bas et le haut, le dedans et le dehors.
La fluidité n’est pas mollesse ou laisser faire.
Elle est générée par la présence, l’intention, et même si vu du dehors il semble y avoir un moment d’arrêt, le mouvement à l’intérieur ne se rompt pas, la sensation de mouvement perdure, la fluidité est conservée.

La transformation HUA

Elle est omniprésente.
Du Yin au Yang et vice versa.
Du vide au plein et vice versa.
Du bas vers le haut et vice versa.
De l’intérieur vers l’extérieur et vice versa.
De la densification vers l’expansion et vice versa.
D’une direction vers une autre.
D’un mouvement à un autre.
Elle est l’essence du Taiji.
Le Taiji, art de la transformation.
Recherche et expérimentation comme un cadeau suprême, comme la vie elle même.
Tout est transformation.
La sensation de transformation évite la sensation de perte de l’ancien et de peur du nouveau.
Dans la pratique elle transforme la fin d’un mouvement dans le suivant, elle évite la rupture et donc de devoir recommencer à chaque mouvement tout le processus.
Comme la vague qui s’écrase sur la plage devenant écume, tandis que l’on sent simultanément le rouleau suivant qui s’est déjà formé.

La taille YAO

Elle est la liaison entre bas et haut.
Elle donne la direction pour mouvoir le bas et le haut du corps.
Elle tourne, se plie et se déplie.
Elle concerne tout le bassin, il bascule légèrement vers l’arrière ou se redresse.
Elle est le moyeu de la roue, le centre du corps.
Autour d’elle, en bas, en haut, se déploie le corps.
Elle donne la puissance au geste qui devient mou ou rigide si il n’est pas né de la taille.
Y est niché le DANTIEN inférieur, situé 3 doigts au dessous du nombril, lieu de transformation du souffle associé au mouvement, à l’énergie.
Si l’intention conduit l’énergie, la taille initie les mouvements.
Elle génère les mouvements du bas et du haut.

Les pieds, le vide et le plein

Il ne suffit pas de porter le poids du corps sur un pied pour changer d’appui, vider un pied et remplir l’autre.
Les changements d’appuis s’exécutent en une succession de phases, qui une fois intégrées constituent une phase unique : le changement d’appui.
Le changement d’appui devient alors une sensation unique et libératrice.
On se trouve en sécurité et la possibilité d’exécuter les mouvements des mains avec légèreté et grâce devient possible.
Changer d’appui ne signifie pas tomber dans son pied.
Il s’agit d’y porter l’intention et l’attention.
Changer d’appui avec présence et ainsi éviter de subir la chute dans le pied, une chute dans le vide.
Le pied entier, détendu, se pose au sol.
Il sent le terrain.
Le corps s’avance ou recule tout entier sur l’axe du pied encore vide qui se remplit peu à peu du poids du corps.
Puis le pied s’appuie contre le sol et la force de la terre se propage du bas vers le haut, jusqu’à l’expression du mouvement des mains.
Le pied vide se rapproche avec facilité du pied plein.
Le pied vide se pose pleinement sur sa partie avant.
La jambe pleine est comme le mât central de la tente.
La jambe vide est comme l’attache périphérique qui maintient la toile au sol.
Le changement d’appui génère le mouvement des mains.
S’il est exécuté convenablement, la sensation du mouvement des mains est alors celle de la transformation du geste.

Les mains, YIN/YANG, 陰 陽

Elles tournoient, poussent, tirent, tordent…
Une Yin, l’autre Yang.
Une qui descend Yin, l’autre qui monte Yang.
Une tournée à l’intérieur Yin, l’autre tournée à l’extérieur Yang.
Une tournée vers la terre Yin, l’autre tournée vers le ciel Yang.
Une qui se ferme Yin, l’autre qui s’ouvre Yang.
Toujours connectées l’une à l’autre.
Elles sont l’expression du mouvement du corps entier.
Elle n’expriment aucune volonté de faire, mais sont disponibles pour exécuter ce que le corps a mis en place du bas vers le haut.
Elles sont le prolongement des poignets, qui sont le prolongement des coudes, qui sont le prolongement des épaules, qui sont le prolongement des omoplates, qui naissent du dos.
Le dos s’adosse à la montagne, à l’espace arrière.
Les mains comme le bout de grandes ailes naissant des omoplates, souvenirs des ailes des anges.